'Ars
Electronica, qui a recentré, cette année, les débats sur le
code, a consacré, avec quelques coudées de retard, une large
part de ses expositions et conférences au «software art». La
dernière marotte des festivals. Dès 2001, la Transmediale,
festival berlinois de média-art, décernait un prix intitulé
«artistic software» ou «software art». Cette récompense
distingue l'oeuvre d'un artiste ayant programmé un logiciel
qui, contrairement aux logiciels commerciaux, «ne soit pas
un outil fonctionnel», mais «une création artistique
utilisant le code». Une pratique en pleine expansion chez
une jeune génération d'artistes-programmeurs qui ont grandi
avec l'ordinateur, pour qui manipuler le code est devenu une
seconde nature. Dès 2002, le festival Read_Me à Moscou est
entièrement dévolu à ce phénomène. Un événement documenté et
prolongé depuis janvier par le répertoire en ligne Runme.org,
qui compte aujourd'hui plus de 200 logiciels artistiques, à
télécharger gratuitement.
Exercice de style. En septembre 2002, c'est le
Withney Museum de New York qui s'y colle avec CODeDOC, une
expérimentation en ligne initiée par Christiane Paul, qui se
donne pour mission d'explorer la relation entre le code d'un
logiciel et le résultat qu'il permet d'obtenir. La commissaire
a demandé à la fine fleur des artistes-programmeurs américains
(Alex Galloway, Mark Napier, Golan Levin...) de créer chacun
un programme très simple, exercice de style consistant à
«relier et à faire bouger trois points dans l'espace».
Sur le site, le visiteur est d'abord confronté à une page de
code écrit, qu'il peut exécuter pour visualiser le résultat.
«L'une de mes intentions était de démystifier le code comme
une force mystérieuse et cachée, de le révéler à
l'utilisateur», explique Christiane Paul. Pas sûr
toutefois que la mise à nu du code permette une meilleure
perception de l'oeuvre.
L'Ars Electronica a invité Christiane Paul à organiser un
deuxième round à Linz avec huit artistes européens qui se sont
prêtés au jeu. Un CODeDOC II qui confronte, sous l'étiquette
de «Software art», des artistes aux approches en réalité très
différentes. De l'activisme du collectif epidemiC, auteur du
fameux virus artistique biennale. py créé pour la Biennale de
Venise, au travail plus plastique d'Antoine Schmitt, en
passant par les détournements de jeu de Joan Leandre, ou les
logiciels libres de Veejaying mis au point par le «rasta
coder» Jaromil, leur seul dénominateur commun est d'utiliser
le code comme matière première de leur
oeuvre.